Une de mes élèves m’a posé une excellente question après une de mes séances de méditation guidée. On avait terminé la séance avec quelques minutes de méditation « metta », où on tâche d’envoyer de la bienveillance à tous les êtres de la planète. Elle m’a dit avoir trouvé cette pratique très difficile, parce que ça la renvoyait à l’immense souffrance qu’il y a dans le monde actuel, en particulier à la souffrance animale. Elle s’est retrouvée submergée par un sentiment de profonde tristesse dont elle n’a pas réussi à se dépêtrer.
C’est une situation dans laquelle je me suis déjà retrouvée, et je pense que nous ne sommes pas les seules à avoir fait cette expérience. Du coup, je me suis dit que j’allais partager avec vous ma (longue !) réponse à sa question. C’est un mélange d’expérience personnelle et de conseils que j’ai moi-même reçus de mes professeurs. J’espère que ça vous sera utile.
La méditation metta est une pratique particulièrement difficile, parce que l’être humain est fondamentalement problématique et qu’il cause énormément de souffrance dans le monde. Lorsqu’on essaie d’envoyer de la bienveillance aux humains et autres animaux, c’est difficile de ne pas penser au fait que la compassion est une denrée rare dans le monde actuel.
Se sentir accablé par cette souffrance est en soi une pratique de metta très intense. On fait preuve de tant de compassion qu’on finit par ressentir la douleur et la tristesse de l’autre. Ce n’est pas un état dans lequel je t’encouragerais à rester, puisque ça va à l’encontre de ce qu’on essaie de manifester avec cette méditation. Je veux que tu ressentes de l’amour et de la sérénité, pas que tu quittes la séance triste et en colère !
Alors qu’est-ce qu’on peut faire pour surmonter ça ? Il y a plusieurs façons d’aborder la chose.
La première…
c’est celle que je te recommanderais pour l’instant, parce que tu commences à peine cette pratique et qu’on n’y passe que quelques minutes. Si ces sentiments font à nouveau surface lors de la prochaine séance, accueille-les, reconnais leur existence. « Ça me fait souffrir, je me sens triste. » Prends conscience de comment ces pensées t’affectent. C’est un premier pas.
Reconnais également que tu n’as aucun contrôle sur les choix et actions des autres humains, et que refuser de l’accepter ne causera que davantage de souffrance en toi (au passage, c’est aussi quelque chose que j’essaie d’accepter, tu n’es pas seule !) C’est la pratique d’aparigraha, le lâcher-prise.
Reconnais les actions que tu prends personnellement pour diminuer cette souffrance, l’impact positif que tu as, même s’il te semble infime. Essaie de recalibrer ton attention vers la façon dont tes actions, ton comportement et ton énergie rendent le monde meilleur.
La pratique de la méditation est déjà un pas dans la bonne direction. Tout comme nourrir une attitude bienveillante et sereine.
La seconde…
je la recommande pour plus tard, quand tu t’en sens prête et que tu as plus de temps. C’est une pratique de visualisation qui requiert beaucoup de créativité et ne se prête pas vraiment au contexte d’une méditation guidée.
Quand tu te sens envahie de tristesse, visualise un monde où cette souffrance n’existe plus. Puisse-t-il exister un monde où aucune vache n’est massacrée. Puisse-t-il exister un monde où aucun cochon n’est massacré. Puisse-t-il exister un monde où aucun animal n’est industrialisé. À quoi ressemblerait ce monde ? Où et comment vivraient les animaux ?
Deviens une sorte de pont vers ce monde, crée en toi un espace où ce monde peut exister pour qu’un jour, peut-être, cette vision devienne réalité. Évidemment, ça sonne un peu ésotérique comme ça, mais l’idée, je pense, est de porter cet espoir en toi.
Ce n’est pas une pratique facile ! Mais si ces sentiments surgissent régulièrement, c’est peut-être une voie qui te convient.
Une dernière chose…
que je trouve utile quand j’ai des sentiments d’animosité envers quelqu’un pendant la pratique de metta, comme tu en as peut-être envers ceux qui causent la souffrance animale… C’est pas toujours facile de leur souhaiter du bonheur et de l’amour, n’est-ce pas ? Ça fait partie de la pratique de la compassion, mais je me suis rendu compte que ce qui fonctionne toujours pour moi, c’est de leur souhaiter de commencer une pratique spirituelle.
Ce que je veux dire par-là, c’est que je leur souhaite de commencer à pratiquer la méditation, le yoga, une thérapie… pour qu’ils gagnent en compassion, en sagesse, en pacifisme. Pour qu’ils rendent le monde meilleur. Ça les rendrait sans doute plus heureux, et le reste du monde s’en porterait mieux.
C’est mon astuce 😄
Avez-vous déjà eu ce genre de souci pendant la méditation metta ? Comment l’avez-vous géré ? Est-ce que vous rencontrez d’autres difficultés dont vous aimeriez que je parle ?